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vendredi 9 mars 2007

Les aspects internationaux de la politique énergétique

"Les aspects internationaux de la politique énergétique" - Discours prononcé par M. Frank-Walter Steinmeier, ministre fédéral des Affaires étrangères, à l’occasion du deuxième Sommet du gouvernement fédéral sur l’énergie à Berlin, le 9 octobre 2006


Il y a dix ans, expliquer en quoi consiste la "politique étrangère énergétique" aurait sans doute pris beaucoup de temps. Aujourd’hui, les préoccupations quant aux réserves de matières premières - pas seulement le pétrole et le gaz - modifient les équilibres à l’échelle mondiale. Le pouvoir et la formation de contre-pouvoirs autour des questions énergétiques développent partout dans le monde une dynamique interne dangereuse. La faim de ressources à l’échelon planétaire et la gouvernance mondiale risquent de plus en plus d’entrer en collision. Notre politique dans les domaines de l’énergie, des affaires étrangères et de la sécurité doit faire face à ces défis. Elle doit être vouée à désamorcer en amont les potentiels de conflit d’une concurrence accrue concernant les ressources. Les présidences de l’Union européenne et du G8, qui débuteront prochainement, nous offrent la possibilité de formuler dans ses grandes lignes la politique énergétique de l’Europe et au-delà, et d’améliorer ainsi directement notre sécurité d’approvisionnement.

Il convient de souligner trois aspects essentiels. Premièrement, la Russie est et reste le facteur clé de notre approvisionnement en énergie, en particulier en ce qui concerne le gaz. À moyen terme, le défi consiste à préserver l’interdépendance, sur un pied de réciprocité et d’égalité, moins entre la Russie et l’Allemagne qu’entre la Russie et l’Union européenne. Pour cela, il a fallu notamment renforcer le maillage dans le secteur de l’énergie. Certains y voient de la naïveté. Moi, je conseille au contraire de rechercher de telles possibilités tant que nous, et nos entreprises productrices d’énergie, sommes forts. La redécouverte du mercantilisme n’est sûrement pas un bon conseil. Nous devrions rechercher de telles possibilités sur la base de principes solides, notamment : la réciprocité de l’accès aux marchés, l’acceptation des règles de concurrence communautaires sévères s’appliquant à toutes les entreprises actives en Allemagne et au sein de l’UE, ainsi que la stabilité ! et la fiabilité du cadre juridique des deux côtés. Comme le montre l’exemple de Sakhaline, procéder a posteriori à des changements nuit au climat de coopération. Nous devons transposer dans les rapports UE-Russie les principes de la Charte de l’énergie, tels la fiabilité, la transparence et la sécurité de l’investissement, auxquels s’est associée la Russie lors du sommet du G8 de Saint-Pétersbourg. La renégociation de l’accord de partenariat et de coopération avec la Russie nous donne pour cela des points d’appui tant que tous n’ont pas ratifié la Charte de l’énergie.

Le deuxième facteur clé de notre sécurité d’approvisionnement future est une plus grande diversification de nos zones d’approvisionnement. Pour y parvenir, nous développerons encore davantage notre coopération dans le domaine énergétique avec la Norvège, l’Afrique du Nord et aussi les pays d’Asie centrale. Concernant cette dernière région, nous lancerons sous présidence allemande une stratégie communautaire.

Le troisième facteur clé est la coopération à l’échelle du globe en matière énergétique. Il nous faut des institutions énergétiques internationales et performantes qui associent encore plus étroitement les nouveaux pays émergents. C’est également dans ce sens que va une conférence dans le cadre du G8 en projet au ministère fédéral des Affaires étrangères pour l’automne prochain. Cette conférence vise à engager un processus de dialogue sur la sécurité énergétique conjointement avec les partenaires de Chine, d’Inde, du Brésil, du Mexique et d’Afrique du Sud. Il existe en outre des potentiels transatlantiques notamment dans le domaine du développement des technologies - un domaine loin d’être épuisé - pour l’ère de l’après-pétrole, et en particulier aussi sur le long chemin qui mène à l’hydrogène.

Des champs essentiels de notre politique énergétique et de notre politique étrangère énergétique ont de plus en plus tendance à s’inscrire dans un contexte européen. La présidence allemande de l’Union européenne est tout spécialement appelée à ficeler un paquet global cohérent tout en sauvegardant nos intérêts. Cela s’applique également au marché intérieur de l’énergie. En effet, si ce marché intérieur ne fonctionne pas, il ne saurait y avoir de concurrence loyale en Europe, et sans marché intérieur, pas de reprise E.on - Endesa. La solidarité européenne dans le domaine de la sécurité des approvisionnements gaziers sera également un sujet abordé. Nous ne nous fermerons pas complètement à cette idée, mais nous ne pouvons pas non plus accepter une solution communautarisant les prestations fournies au préalable par l’Allemagne.

La sécurité énergétique est indissociablement liée à la politique du climat et de l’environnement. L’efficacité énergétique, la promotion des énergies renouvelables, le transfert des technologies et les partenariats énergie-climat sont autant de termes clés. Dans la politique internationale du climat, le gouvernement fédéral continuera de jouer un rôle moteur, surtout pendant nos présidences, l’objectif devant être de faire participer, outre les États-Unis, les grands pays consommateurs en plein développement à un accord "après-Kyoto". Nous devons surmonter les fossés artificiels entre une approche technologique et des engagements quantitatifs. Notre crédibilité en matière de politique climatique et notre compétence technologique constituent ici une excellente base dans le domaine de l’efficacité énergétique et des économies d’énergie. La demande énergétique ainsi évitée soulage le marché mondial de même que l’environnement.

La politique étrangère énergétique et l’économie extérieure disposent d’un potentiel commun que nous devons et pouvons exploiter encore davantage. Les entreprises allemandes dominent les secteurs mondiaux de la construction mécanique, de l’isolation des bâtiments, des techniques de mesure et réglage ainsi que de la gestion des processus. Nous voulons faire le maximum en politique pour valoriser ces atouts à l’échelle internationale. Nous voulons également miser sur une étroite coopération entre l’État et les milieux économiques dans le domaine de l’application conjointe (AC). Car ce mécanisme permet des situations internationales "gagnant-gagnant". L’attribution de droits d’émission supplémentaires au niveau national et la promotion des exportations de technologies profitent en définitive à toutes les parties prenantes ainsi qu’à la protection mondiale du climat. La restructuration du parc de centrales en Europe orientale, qui s’impose à bref délai, offre également des possibilités importantes pour le secteur économique allemand. Des projets pilotes, en Russie ou en Ukraine par exemple, au carrefour des politiques de l’énergie, de l’environnement et des technologies, donnent un nouvel élan à notre coopération avec ces pays dans le domaine de l’énergie.

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