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mardi 20 mars 2007

ENERGIE: Le mixe énergétique du futur

Le mixe énergétique du futur (Source: Ambassade d'Allemagne)

La protection de l'environnement, la rentabilité et la fiabilité de l'approvisionnement sont les piliers du nouveau concept de politique énergétique pour l'Allemagne. Le secteur de l'économie et le gouvernement veulent investir des milliards dans l'énergie

L
es prix du pétrole et du gaz battent tous les records, les ressources en énergies fossiles diminuent et la lutte contre le gaz à effet de serre est loin d'être terminée. L'énergie est un thème d'actualité. A quoi ressemble le mixe énergétique de l'avenir ? Comment s'assurer l'approvisionnement en matières premières ? Ce sont des questions que se posent aussi bien des organisations mondiales comme le G8 que les gouvernements nationaux.

Le 3 avril a marqué le début d'un nouveau concept de politique énergétique pour l'Allemagne: la chancelière Angela Merkel a invité à la chancellerie des représentants de la politique et de l'économie à un sommet sur l'énergie.

D'ici mi-2007, le concept de l'énergie, basé sur la fiabilité de l'approvisionnement, la rentabilité, la compétitivité et le caractère non polluant sera élaboré lors de plusieurs rencontres au sommet. La première a déjà été un véritable succès: d'ici 2012, les entrepreneurs allemands veulent investir un total de 70 milliards d'euros dans l'approvisionnement en énergie. 40 milliards seront affectés aux énergies renouvelables, 30 milliards à de nouvelles centrales et de nouveaux réseaux. De plus, le gouvernement fédéral consacre deux milliards d'euros à la recherche sur l'énergie. Une autre chose est claire: on maintient la sortie du nucléaire au cours de la législature allant jusqu'en 2009, comme cela figure au contrat de coalition, en dépit des opinions divergentes des partenaires.


Les énergies renouvelables sont l'un des principaux éléments du nouveau concept énergétique. La biomasse, l'énergie solaire et éolienne ainsi que la pile à combustible sont les vecteurs d'énergie du futur. Aujourd'hui encore le pétrole et le gaz arrivent en tête: La part des énergies renouvelables est de 4,6 pour cent de la consommation d'énergie et place l'Allemagne parmi les leaders mondiaux. Cette part augmente chaque année. Dès 2010 elle doit représenter au minimum 12,5 pour cent de la production d'électricité et doit même atteindre 20 pour cent d'ici 2020.

La biomasse devra apporter une contribution importante. Il n'est donc pas étonnant qu'à Berlin on ait abordé le thème de la stratégie nationale en ce qui concerne les matières premières biologiques. En effet, la biomasse est la plus polyvalente des énergies renouvelables. Elle permet de produire aussi bien des carburants que de la chaleur et de l'électricité. Presque toutes les matières organiques sont d'excellents vecteurs d'énergie – aussi bien le colza que les roseaux, le lisier ou la bouse de vache. Contrairement au pétrole ou au gaz naturel, la biomasse réduit l'émission de gaz à effet de serre, elle est disponible en permanence et est indépendante du vent ou du temps. Les entreprises allemandes sont très innovatrices dans le domaine des énergies renouvelables. C'est le cas, par exemple de la société Choren, de Freiberg dans l'est de l'Allemagne, qui, en collaboration avec le groupe pétrolier Shell, investit des centaines de millions d'euros dans la production de "SunDiesel". Ce carburant non polluant est fabriqué essentiellement à partir de bois, de paille et de déchets agricoles. Ce carburant liquide est considéré comme le diesel le plus propre du monde: il émet 30 à 50 pour cent de moins de gaz d'échappement que le diesel fossile, il ne contient pas de goudron, est biodégradable et est neutre pour ce qui est du CO2 car, en se consumant, il n'en rejette pas plus que les plantes utilisées n'en ont absorbé lors de leur croissance. Grâce à leur brevet enregistré dans le monde entier, les responsables de Choren ont pu également convaincre les constructeurs automobiles DaimlerChrysler et Volkswagen qui, tous deux, soutiennent Choren Industries dans la recherche. A partir de 2007, DaimlerChrysler livrera tous ses modèles diesel équipés pour ce biocarburant. La biomasse est en plein essor, pas seulement à Freiberg: rien que l'année dernière 800 nouvelles installations de biogaz ont vu le jour en Allemagne. En 2005 on a produit près de dix milliards de kilowattheures – quatre milliards de plus qu'une année auparavant. Selon les estimations du ministère fédéral de l'Environnement, à long terme, en Allemagne, la biomasse permettra d'assurer dix pour cent de l'ensemble de la production d'électricité et 20 pour cent de la production de chaleur.

En matière d'énergie éolienne, l'Allemagne occupe déjà la place de leader: des installations d'une puissance de 18000 mégawatts y ont été mises en place. Aucun autre vecteur d'énergie ne fournit autant d'électricité que la force du vent. On trouve en Allemagne environ un tiers des éoliennes installées dans le monde entier et à peu près la moitié des centrales éoliennes de l'UE. Ces installations produisent près du double d'électricité que n'en consomme Berlin en une année. A partir de 2008, au plus tard, la part en énergie éolienne de l'approvisionnement en électricité croîtra largement: dans deux ans débutera l'installation de plus de 30 parcs éoliens offshore dans la mer du Nord et la Baltique. D'ici 2030 ils devront fournir jusqu'à 25.000 mégawatts. Le secteur de l'énergie éolienne enregistre également des records. Les sociétés Enercon, Nordex et Repower Systems comptent parmi les leaders mondiaux en technologie. Repower Systems est le premier à construire une éolienne de catégorie cinq mégawatts – la plus grande et plus puissante éolienne ayant jamais existé.

L'industrie solaire allemande est également en plein essor. Elle réalise un chiffre d'affaires de trois milliards d'euros et croît chaque année de 20 pour cent. Le leader, SolarWorld, grâce à la reprise de la production de cellules solaires de Shell, il y a quelques mois, s'est même placé en tête du marché des Etats-Unis. En Allemagne également la photovoltaïque représente un potentiel important: en 2005, elle participait pour 1,6 pour cent à l'approvisionnement en énergie par des énergies renouvelables. Ce chiffre est amené à augmenter – grâce aux récents développements d'entreprises allemandes. D'ici 2010, le fabricant berlinois Sulfurcell veut produire des modules dits à couche fine pour la moitié des coûts actuels. En effet, la nouvelle génération de cellules solaires est fabriquée sans silicium utilisé jusqu'à maintenant. Les ingénieurs de Schott Solar optent pour une voie complètement nouvelle: ils ont développé des modules à couche fine semi transparents pouvant remplacer les vitres sur les bâtiments et produire ainsi de l'électricité. L'institut Fraunhofer pour les systèmes d'énergie solaire va encore plus loin: les modules des scientifiques de Freiburg atteignent un rendement de 25 pour cent – supérieur à celui de toutes les cellules solaires. Dans deux ans au plus tard les premiers modules de la troisième génération devraient arriver sur le marché.

Il faudra attendre beaucoup plus longtemps pour la fabrication en série de la pile à combustible – du moins pour les véhicules. Selon les experts, ce ne sera pas avant 2020, au plus tôt, que l'on verra sur les routes un grand nombre de véhicules fonctionnant à l'hydrogène. L'ère du pétrole sera alors complètement révolue. En effet, la pile à combustible transforme l'hydrogène en électricité et en chaleur, sans aucun gaz d'échappement. Dans le monde entier, des techniciens travaillent à son développement, essentiellement en Allemagne. On est prêt à passer à la production en série de petites piles à combustible pouvant alimenter en énergie des ordinateurs et des téléphones portables. Des fabricants tels que Vaillant, Viessmann et Buderus se préparent à une révolution en matière de chauffage. Ils développent des piles à combustible stationnaires pouvant alimenter les maisons en électricité et en chaleur dont l'introduction est prévue pour 2007. A cette époque, en Allemagne, il faudra revoir le mixe énergétique.


Pour des milliers d'Allemands, la question du chauffage ne se pose plus ; souvent, ils n'en ont même pas besoin. Car ils vivent dans des maisons dites passives, à très basse consommation d'énergie. La chaleur dégagée par le corps de deux adultes suffit en général comme source de chaleur. Cela semble être de la science-fiction mais n'est rien d'autre qu'une interaction sophistiquée entre différents composants techniques. Entre autre un isolement efficace des murs extérieurs, des fenêtres à triple vitrage, des collecteurs solaires sur le toit et un système de ventilation automatique. Son élément central est un échangeur de chaleur qui chauffe d'abord à température ambiante l'air frais aspiré à l'extérieur avant de le diffuser dans la maison. Et l'échangeur récupère la chaleur de l'air vicié qu'il expulse. Pour les propriétaires de maisons dites passives, les discussions sur la hausse des coûts du pétrole relèvent du passé. Une maison passive consomme 80% moins d'énergie qu'une maison à faible consommation d'énergie, et même plus de 90% de moins qu'un bâtiment conventionnel. Une maison passive consomme l'équivalent de moins d'un litre et demi de fuel par mètre carré et par an. Les maisons à faible consommation d'énergie, dont les standards en matière d'environnement sont obligatoires depuis 2002 pour tous les nouveaux bâtiments, consomment de 8 à 10 litres. Et les bâtiments anciens non isolés gaspillent jusqu'à 40 litres. Aujourd'hui, 6.000 bâtiments passifs sont construits chaque année en Allemagne et leur nombre devrait sensiblement augmenter. Car les surcoûts engendrés par les exigences de la construction passive (10% environ) ont beaucoup baissé. Et plus le prix du pétrole augmente et plus une maison passive est vite amortie. La construction économisant l'énergie est un marché d'avenir. Le gouvernement fédéral y veille aussi. Car il ne soutient pas seulement la construction de maisons passives, il aide aussi à la réhabilitation des bâtiments anciens. Si le propriétaire remplace sa vieille chaudière et améliore l'isolation de sa maison, il obtient des crédits particulièrement intéressants de la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW), une caisse de crédit à la construction détenue par la Fédération. Plus on économise d'énergie, et plus le taux d'intérêt est bas. Avec quelque 40 millions de logements en Allemagne, on comprend que cela représente un immense potentiel d'économie d'énergie.

Une chaleur enfouie au plus profond de la Terre : la géothermie fournit de l'énergie presque partout sur la planète, sans aucune émission, 24 heures sur 24, et indépendamment du soleil et du vent. Quelque 99% de la masse terrestre ont une température supérieure à 1000°. Le potentiel de l'énergie géothermique est donc à l'avenant. Théoriquement, elle suffirait pour couvrir les besoins en énergie du monde entier pendant 100.000 ans. Mais comme l'utilisation de la géothermie dépend fortement de la géologie des sols, la transformation de cette énergie en chaleur ou en électricité s'avère souvent trop chère. En Allemagne, les réservoirs de chaleur naturelle exploitables sont très profonds, un énorme investissement technique et financier est donc nécessaire pour les atteindre. C'est pourquoi la géothermie ne joue – encore – qu'un rôle modeste dans le pays. Elle ne couvrait en 2004 que 0,04% des besoins allemands en énergie primaire. Mais, depuis que le prix des énergies fossiles explose et gr'ce au soutien de la loi sur les énergies renouvelables, le secteur de la géothermie connaît une croissance de 14% par an. Actuellement, 24 centrales géothermiques sont en service en Allemagne, avec un rendement allant jusqu'à 20 mégawatts. Le groupe Enro, à Essen, travaillera dans des dimensions tout autres à partir de 2007 : il investit 250 millions d'euros au Brandebourg dans la construction de la plus grande centrale géothermique allemande qui aura un rendement de 25 mégawatts. Et un nombre croissant de propriétaires découvre cette source d'énergie non polluante. Ils obtiennent la chaleur nécessaire à leur chauffage avec des sondes géothermiques pouvant aller jusqu'à 90 mètres de profondeur. Un liquide y circule, collecte la chaleur de la terre et l'envoie à une pompe de chaleur installée dans le bâtiment. L'année dernière, 15.000 installations géothermiques ont été mises en place en Allemagne, au lieu de 10.000 les années précédentes. La Fédération allemande de géothermie estime que les nouvelles installations seront au nombre de 30.000 en 2006. Les installateurs, explique la fédération, arrivent d'ailleurs à la limite de leurs capacités.


Initiative d'exportation


En Allemagne, les énergies renouvelables créent de plus en plus d'emplois. Rien qu'entre 2004 et 2005 le nombre d'emplois dans ce secteur n'est passé de 157.000 à 170.000. Le développement permanent en Allemagne, tout comme l'exportation de la technologie allemande permettent d'atteindre d'importants taux de croissance. Depuis 2002, l'Agence allemande de l'énergie (Dena), par son initiative d'exportation des énergies renouvelables, aide des entreprises à se placer sur le marché mondial. Elle élabore, entre autres, des stratégies de commercialisation et organise de forums d'experts. La Dena donne des informations actuelles et détaillées sur les pays et les marchés intéressants pour l'exportation. Actuellement, les sociétés allemandes peuvent s'informer sur 40 pays. L'agence allemande de l'énergie propose également un dossier en plusieurs langues, destiné aux salons et foires à l'étranger, présentant les réalisations allemandes en matière d'énergies renouvelables. Cette initiative est couronnée de succès: aujourd'hui, environ 50 pour cent des installations hydrauliques du monde entier sont le fruit du savoir-faire allemand. Le taux à l'exportation de ce domaine représente 80 pour cent. L'industrie éolienne allemande a réalisé environ la moitié du volume mondial des ventes, dépassant les douze milliards d'euros. Les cellules solaires d'Allemagne ont une part de marché mondial de 16 pour cent.


Calendrier 2007

En coopération avec les Chambres du commerce à l'étranger, l'initiative de promotion des exportations de l'Agence allemande pour l'Energie (Dena) présente des entreprises allemandes et leurs technologies utilisant les énergies renouvelables à l'étranger : du 14 au 17 février à Lyon en France, du 28 février au 2 mars à Madrid en Espagne, du 19 au 21 avril à Verona en Italie, du 14 au 16 mai à Casablanca au Maroc, et du 16 au 18 mai à Daegu en Corée du Sud. Autres rendez-vous à l'adresse : www.exportinitiative.de


La loi sur les énergies
renouvelables

Pratiquement aucun autre secteur en Allemagne n'a d'aussi belles perspectives de croissance que celui des énergies renouvelables. Selon la Fédération des énergies renouvelables, 300.000 nouveaux emplois devraient être créés dans ce secteur d'ici à 2020. Des chiffres que l'on doit en grande partie à la loi sur les énergies renouvelables (l'EEG). Car cette EEG prévoit un prix d'achat minimum garanti par l'Etat pour l'électricité produite avec des énergies renouvelables. L'objectif de l'EEG est de faire passer le pourcentage d'énergies renouvelables dans la production totale d'électricité en Allemagne à au moins 12,5% d'ici à 2010 et au moins 20% d'ici à 2020. La dernière mouture de la loi, entrée en vigueur en août 2004, prévoit par exemple un prix minimum d'achat de 9,5 centimes d'euro par kilowattheure pour l'électricité tirée de la biomasse, et ce pendant 20 ans. Cette promotion des énergies renouvelables a coûté quelque 2,4 milliards d'euros en 2005. Un bon investissement, comme le montre une étude réalisée par le Centre allemand de recherches spatiales et aéronautiques. Car la production d'électricité avec les énergies renouvelables a évité pendant la même période des dommages – par émissions, par exemple – s'élevant à au moins 2,8 milliards d'euros. Le bilan écologique de l'EEG est impressionnant : en 2005, elle a permis d'éviter l'émission de 57 millions de tonnes de dioxyde de carbone. L'objectif pour 2020 : éviter 110 millions de tonnes.


L'énergie nucléaire


Une journée au caractère symbolique : la loi sur " la fin programmée de l'utilisation de l'énergie nucléaire pour la production commerciale d'électricité " est entrée en vigueur le 26 avril 2002 en Allemagne, seize ans après l'accident de la centrale ukrainienne de Tchernobyl. La coalition gouvernementale de l'époque, composée du SPD et des Verts, déterminait les grands axes de cet adieu au nucléaire : la construction de nouvelles centrales n'est plus autorisée, et la durée de vie des centrales existantes est limitée à 32 ans après leur mise en service. Comme la grande coalition actuelle composée de la CDU, de la CSU et du SPD a convenu – malgré des opinions divergentes – de ne pas réviser la décision du gouvernement précédent, la dernière centrale nucléaire allemande devrait être déconnectée du réseau en 2023. Actuellement, 17 centrales nucléaires couvrent 26% des besoins allemands en électricité. En 2020, par contre, leur pourcentage sera infime, conformément à la loi sur la sortie du nucléaire. L'énergie nucléaire devrait être remplacée par les énergies renouvelables.


Infos sur l'Internet

www.bmu.de
Ministère fédéral de l'Environnement, de la Protection de la nature et de la Sécurité des réacteurs
www.erneuerbare-energien.de
Infos sur les énergies renouvelables en Allemagne
www.dena.de
Agence allemande de l'Energie

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