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mercredi 21 mars 2007

Daniel Cohn-Bendit sur l'energie

Extraits de son article dans le Monde du 22/03/2007


Cinquante ans après le traité sur le charbon et l'acier les Européens doivent réduire leur dépendance énergétique, assurer la sécurité d'approvisionnement, mais en tenant compte cette fois de la dégradation climatique.

L'UE ne pourra plus compter sur ses ressources en pétrole et en gaz de la mer du Nord en cours d'épuisement . Selon la Commission européenne : sans changement radical de nos habitudes de consommation et de production énergétiques, la dépendance énergétique de l'UE d'ici à 2030 atteindra les 70 % de sa consommation - respectivement 80 % pour le gaz, 66 % pour le charbon et 90 % pour le pétrole. L'Europe importe déjà la quasi-totalité de son uranium, en provenance de pays instables.

Les litiges entre la Russie, l'Ukraine,et la Biélorussie invitent à une stratégie commune des sources d'approvisionnement: par ex. oléoducs evitant la Russie à travers des pays de transit déjà membres de l'Union (sauf la Turquie)...

Le volet énergétique devrait être inclus dans la future politique étrangère et de sécurité commune (PESC) toujours exclue du champ communautaire.

Ll'UE devra investir massivement dans les énergies renouvelables, pour des raisons économiques et ecologiques. 25 % de la consommation au moins devraient être assurés à partir des sourcesrenouvelable d'ici à 2020.

Mais il faudra également l'Allemagne et la France scinder les secteurs de la production et de la distribution. La consommation elle-même doit être maîrisée...
Technologies innovantes dans la rénovation et la construction des bâtiments (secteur qui consomme 40 % de l'énergie utilisée dans l'Union), ainsi que des voitures, des appareils électroménagers et domestiques plus économes.

Changement des comportements? suite aux efforts de Al Gore, Nicolas Hulot ou Nicholas Stern ( rapport au gouvernement britannique : si dans les dix années à venir nous n'avons pas trouvé les moyens de réduire la production des gaz à effet de serre, le coût pour l'économie mondiale d'ici à 2100 excédera celui des deux guerres mondiales pour s'élever à 5 500 milliards d'euros. Quant aux effets sociaux, il les compare à ceux subis lors de la crise de 1929 et estime à 200 millions le nombre de personnes déplacées pour cause d'inondations ou de sécheresse. Cela dépasse le cadre d'une élection...

L'exigence climatique nous invite à reprendre le modèle du pacte de stabilité pour l'appliquer au climat.Moratoire sur la construction de nouvelles centrales, viser à terme la fermeture des anciennes, tout en élaborant une politique des transports durable, notamment par une internalisation des coûts et une taxation spécifique (près de 30 % des gaz à effets de serre proviennent des transports responsables de 70 % de la consommation de l'UE en pétrole quand leur dépendance aux produits pétroliers est de 96 %), nous pouvons réduire d'au moins 30 % les émissions de gaz à effet de serre, en particulier le CO2 d'ici à 2020 et de 40 % d'ici à 2030 sans pour autant recourir au nucléaire.

L'objectif doit être la stabilisation de la température à l'échelle planétaire qui ne devra excéder que de 2 degrés celle rencontrée à l'époque préindustrielle. L'UE se positionnerait en tête de la course à l'innovation et à la compétitivité. Le monde de l'entreprise comprend aussi que la lutte contre le changement climatique est une affaire rentable . La British Petroleum a investi dans l'énergie solaire.

Un chantier gigantesque que nous pouvons pourtant lancer en attendant que les Etats-Unis élisent un nouveau président qui respectera le protocole de Kyoto. Le nouveau traité constitutionnel aura conservé la base juridique nécessaire: le principe de lutte contre la dégradation climatique comme principe régissant toutes les politiques de l'Union.


Daniel Cohn-Bendit est député Verts au Parlement européen

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